C’est toujours dans un espace liminal que tout type d’initiation sacrée est possible. Selon la définition anthropologique des rites de passage pendant la période liminale, l’individu, qui participe à un rite de transition, se retrouve dans une phase intermédiaire entre deux positions socialement définies : le vieux rôle qu’il abandonne et le nouveau qu’il doit encore obtenir[1].
Cette phase se trouve dans un espace extra-ordinaire (hors de l’ordinaire) et pour y accéder, la personne doit sortir de sa zone de confort et d’un endroit connu, pour survivre un certain temps dans un espace inconnu et potentiellement dangereux et étrange. Souvent c’est ce passage, entre-deux, qui joue un rôle important dans la transformation d’un être humain.
Quand nous entrons dans un espace liminal, la logique et le raisonnement cartésien cessent de fonctionner. Nous sommes dans un état de lâcher-prise qui permet que certaines choses se passent. L’individu expérimente différents états de la conscience dans un tel espace avec une variation de durée et d’intensité. Les différentes cultures nomment cela en utilisant des termes variés comme les vies antérieures, l’inconscient, le monde des esprits, le monde des anciens, le paradis/l’enfer etc.
En général, un tel espace est accessible à travers la méditation, la musique transe, la danse extatique, les mantras, les situations de vie à haute intensité, les événements menaçant la vie, en utilisant certaines drogues ou certaines plantes, la sexualité tantrique, certaines postures de Yoga, certaines pratiques de respiration (Rebirth, Holotropique, Shamanique, Pranayama, …), dans les huttes de sudation, le jeûne etc.
Dans la plupart des cultures anciennes, des rites existent pour créer un tel environnement. Dans celui-là, la possibilité pour un garçon de devenir un homme et pour une fille de devenir une femme existe. En fonction de la tribu, du clan, du groupe ethnique, de la culture, de la religion et de la civilisation, différents types de rituels associés à des rites de passage sont présents. Ces rites permettent aux individus de s’ouvrir vers une réalité différente et de se connecter à leur vrai potentiel.
Dans le monde moderne, trouver des initiations pareilles et des endroits pour les réaliser peut être limité. Pour les hommes et les femmes modernes, il semble vital de trouver des espaces liminaux pour sortir de la réalité quotidienne et pour se connecter à quelque chose de plus existentiel. Cela permettrait de créer des issues dans le vortex de la réalité quotidienne qui submerge autant. La prolifération d’informations et des réseaux sociaux dans nos vies entraîne une énorme dispersion de notre énergie et notre attention.
Dans un tel contexte, ces espaces liminaux sont importants car les expériences vécues dans ces moments nous connectent à nos potentiels innés en tant qu’animaux et esprits. La création de tels espaces/endroits est vitale pour l’évolution de l’humanité dans ce monde.
[1] TALLARICO Serena et BAUBET Thierry, « La mer comme espace liminal », dans RHIZOME 2017/1 (N°63), pp 68 à 74.
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